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À l’approche du Nouvel An, le Forestier en chef du Québec (FEC), monsieur Louis Pelletier, ing.f., nous livre un rapport qui sonne bien aux oreilles des forestiers. Il nous convie à un grand projet, celui d’augmenter de 50 % notre production de bois. Nous aurions certainement le potentiel pour y arriver, pour peu que nous y consacrions les ressources de manière soutenue. Merci à monsieur Pelletier et à ceux qui ont participé à cet exercice pour avoir relancé cette réflexion.

Comme le fait remarquer le FEC, plusieurs groupes ont déjà porté ce message. Oui, il est possible de relever ce défi comme le démontrent les rendements obtenus à la Forêt Montmorency et dans d’autres pays. La recette est donc connue : s’engager dans l’intensification de notre aménagement forestier en utilisant tout notre arsenal sylvicole, en réalisant les interventions au bon moment, en maintenant nos superficies productives, en assurant l’accès et en remettant en production les peuplements de moindre valeur et enfin, en faisant le suivi de nos travaux et en ajustant nos interventions en fonction des dernières connaissances à jour, mises en lumière par la recherche forestière.

Le FEC a raison d’insister sur l’élaboration d’une stratégie comportant une cible et un financement adéquat. Dommage que son message n’ait pas été aussi fort quant aux objectifs de rentabilité et de création de valeur. Pourtant, ces éléments font partie des recommandations du chantier sur la production de bois (Beauregard 2015) et ils sont énoncés dans les orientations du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs pour sa stratégie nationale de production de bois. Monsieur Pelletier a également raison d’insister sur l’imputabilité relativement à l’élaboration, à la mise en œuvre et au suivi d’actions menant à l’accroissement de la production de bois. Il faut aller au-delà de confier un mandat à une instance – existante ou nouvelle - comme il le propose. L’aménagement forestier concerne des gens de diverses organisations et la multitude des ressources et des attentes nécessite qu’ils collaborent au-delà des mécanismes de consultation actuels et de la gestion en silo.

Dans son message, le FEC milite en faveur du développement d’une culture forestière plus forte pour que la récolte de bois cesse d’être mal perçue et il a raison. À mon avis, un des meilleurs moyens de bâtir une solide culture forestière au Québec est d’impliquer directement les différents acteurs dans une structure de gestion intégrée, ce qui donnera confiance au public et limitera, ou même éliminera, les apparences de conflits d’intérêts. Cela dit, augmenter les budgets de nos associations forestières régionales qui font déjà un travail remarquable avec si peu de moyens ne serait pas un luxe, on peut en convenir.

Dans un autre ordre d’idées, je m’interroge sur la proposition d’ajouter une « couche » supplémentaire de zonage pour la production ligneuse. Bien sûr, nous devons assurer une continuité de nos efforts dans le temps et dans l’espace, mais un zonage ne risque-t-il pas de polariser encore plus les acteurs et intervenants?

Les temps sont à la gestion multi-ressources : une gestion participative, je dirais même collaborative. Ne devrions-nous pas réunir les ingénieurs forestiers et les experts au sein d’équipes de travail responsables de l’ensemble des actions et de la mise en valeur de toutes les ressources? Ceci assurerait l’adoption d’objectifs cohérents et la continuité et l’imputabilité nécessaires, tout en améliorant l’agilité de notre secteur. L’OIFQ a déjà proposé le concept d’aménagiste désigné par territoire, une formule où l’ingénieur forestier pourrait utiliser pleinement ses compétences d’intégrateur. À mon avis, il est possible de considérer cette avenue dans le cadre de la loi actuelle

Bien que j’aie pu apporter certains éléments qui paraissent remettre en question les recommandations du FEC, je salue encore une fois le travail accompli. Souhaitons que cet appel du FEC donne à la communauté forestière l’impulsion nécessaire afin de se mobiliser en 2018 pour construire notre foresterie de demain.

Sur ce, je souhaite à toutes et à tous un très joyeux temps des Fêtes et une bonne et heureuse année 2018.

P.S. N’hésitez pas à réagir à ce billet et au rapport produit par le FEC : l’OIFQ est plus que jamais commis à contribuer au débat forestier.