Le titre de mon intervention représente bien mon état d’esprit suite à la prise en compte des résultats du sondage de la performance de l’Ordre. Rappelons que c’est dans le cadre de sa planification stratégique 2023-2027 que le Conseil d’administration de l’Ordre a décidé d'interroger ses membres à la fin de l'été 2023, d’abord pour préciser certains indicateurs de performance pour la première année du Plan, en plus d’évaluer l'opinion des membres sur les services et le fonctionnement de l’Ordre au fil du temps et ensuite pour observer l'évolution des réponses par rapport à l’Enquête sur la pratique professionnelle des ingénieurs forestiers, parue en octobre 2020.

Au total, 340 répondants ont pris un temps précieux pour y répondre. Je tiens d’ailleurs à les remercier. L'analyse des données a été réalisée par M. Carl Bernier (aucun lien de parenté), sous la supervision de Mme Anne Bernard, ing.f., Ph.D., dans le cadre de son projet de fin d'études au baccalauréat en Aménagement et environnements forestiers, à l'Université Laval. M. Bernier a livré un excellent travail d’analyse et de synthèse. Je tiens par ailleurs à préciser que M. Bernier a travaillé sur une version anonymisée des résultats du sondage.

Il est important de noter que le sondage comportait des réponses de type quantitatives et qualitatives. Donc, en plus des réponses sur votre niveau de satisfaction, vos commentaires ont également été analysés. La plupart du temps, les membres très satisfaits ou satisfaits ont tendance à commenter moins fréquemment que ceux insatisfaits, ce qui peut influencer la tonalité générale des commentaires. Les résultats qualitatifs reflètent souvent une critique plus marquée par rapport aux résultats quantitatifs pour une même question. C’est dans la normalité des choses pour de tels sondages d’appréciation. Nous savions dans quoi on s’embarquait dans ce premier sondage de performance et nous sommes heureux d’avoir eu la chance de vous entendre.

Concernant la satisfaction, je retiens ceci :

Les membres sont globalement satisfaits des services de l'Ordre, confirmé par des données qualitatives et quantitatives.

Ce qui suscite le plus grand taux d'insatisfaction parmi les répondants concerne la présence de l'Ordre dans les régions. Je le classe dans satisfaction parce que c’est un message sans ambiguïté. Des actions ont d’ailleurs été identifiées dans notre planification stratégique à cet effet.

Les préoccupations principales des membres portent sur la dégradation de la forêt, la surexploitation, la durabilité et les changements climatiques, suivis de la reconnaissance professionnelle et de l’acceptabilité sociale de nos pratiques.

Le cadre règlementaire (faible latitude professionnelle) et la bureaucratie sont les éléments négatifs les plus souvent identifiés face à la pratique professionnelle.

Concernant la présidence, les critères recherchés incluent de solides compétences en communication, un leadership mobilisateur et charismatique, ainsi qu'une connexion politique, tout en restant indépendant et éthiquement irréprochable.

La polarisation qui mène à l’embêtement :

Bien que plus de 70 % des membres se disent satisfaits ou très satisfaits des sorties publiques de l’Ordre, autant en termes de qualité que de fréquence, les membres insatisfaits le sont pour des raisons diamétralement opposées. Soit leur insatisfaction provient du fait que les positions de l’Ordre sont trop tranchées, soit du fait qu’elles sont trop générales. Quant à la fréquence, la moitié des membres insatisfaits le sont parce qu’il y en a trop et l’autre 50 % le sont parce qu’il n’y en pas assez. En d’autres termes, un peu moins de la moitié des membres souhaitent que l'Ordre renforce son positionnement public, tandis que l’autre moitié désire que l’Ordre se concentre sur sa mission principale de protection du public. Faudra assurément y réfléchir car c’est embêtant pour la suite des choses.

En ce qui concerne la pratique professionnelle, des opinions divergentes sont exprimées quant aux aspects positifs et négatifs, avec un certain inconfort face à l'opinion publique à l'égard de la profession. Un désir accru de formation sur l'adaptation aux changements climatiques est également souligné, tant dans les activités de formation que dans les forums de pratique professionnelle.

Malgré que la majorité des ingénieures forestières et ingénieurs forestiers se disent fiers de leur profession, les commentaires recueillis peignent un tableau plus nuancé.

Introspection et information :

On ne peut rester insensible à un haut niveau de satisfaction d’un côté et des commentaires négatifs de l’autre. Si au moins nous étions en mesure de déceler une tendance claire, cela permettrait une réflexion, une remise en question et la mise en place de solutions. Sauf qu’ici, les commentaires sont souvent très polarisés, rendant difficile l'identification de tendances claires et plaçant l'Ordre dans une position délicate entre différentes perspectives. La chose qui m’apparaît claire toutefois, c’est que cette polarisation semble prendre sa source dans une certaine méconnaissance du rôle d’un ordre professionnel et ce, d’un côté comme de l’autre. Même si l’Ordre a plus de 100 ans d’existence, visiblement il ne faut rien prendre pour acquis et informer sans relâche notre monde.

En conclusion, je retiens que nous faisons bien les choses, mais que nous ne sommes pas parfaits. Il y a certes des malaises au sein de la profession qu'on ne peut ignorer et qu’il faudra absolument adresser. Il y a également de beaux défis à relever et ça, on devra le faire ensemble. Le prochain sondage sera dans deux ans (été 2025). D'ici là, nous allons poursuivre le travail de mise en œuvre de notre plan stratégique, tout en tenant compte de ce que vous nous avez mentionné dans le présent sondage. La barre est mise, à nous de viser au-dessus maintenant. C'est très motivant !

VOIR LE RAPPORT D'ANALYSE DU SONDAGE DE PERFORMANCE DE L'ORDRE 2023