JO 2017

C'est le 26 octobre dernier que s'est tenue la Journée de l'Ordre 2017, à l'Hôtel Québec. Près de 200 ingénieurs forestiers étaient rassemblés pour assister aux conférences portant sur le Règlement d'aménagement durable des forêts du domaine de l'État (RADF). Bien que le RADF apporte son lot de nouveautés, les présentations étaient axée principalement sur les changements concernant la protection de l'eau et le libre passage du poisson. 

En ouverture de conférence, la nouvelle sous-ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Mme Line Drouin, s'est adressée aux participants. Elle a d'ailleurs fait état de 3 enjeux du ministère pour les prochains mois : la santé financière de l'industrie et le soutien à l'innovation, le déploiement de la construction en bois dans les ouvrages commerciaux et le conflit du bois-d'oeuvre avec les Américains. Mme Drouin n'a pas manqué de souligner au passage le travail de la Table MFFP-OIFQ dont les travaux se poursuivent afin d’étudier des modèles de gestion forestière existants et performants afin de s’en inspirer pour améliorer la mise en œuvre de notre régime actuel.

L Drouin

L'ingénieur forestier Daniel Julien du MFFP a enchainé avec sa présentation sur les principaux changements commandés par le RADF, notamment sur le libre passage du poisson et les traverses de cours d'eau amovibles. Ces changements sont tout de même notables et méritent une grande attention. Pour y voir clair, M. Julien a invité les ingénieurs forestiers présents à se référer au Guide d'application du RADF qui a été conçu pour faciliter la compréhension et l’application du RADF et qui permet également d’accéder à de l'autoformation en ligne. En cas de doute persistant sur la compréhension de l'application du Règlement, il faut communiquer avec les directions régionales du MFFP. Voir la présentation de Daniel Julien, ing.f.

L'Ordre avait également invité le professeur en hydrologie forestière à la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique de l'Université Laval, M. Sylvain Jutras, ing.f., Ph.D., à venir commenter le RADF et à démystifier le volet "libre passage du poisson" de celui-ci. D'entrée de jeu, M. Justras a lancé les fondations de son propos : la protection de l'eau, de par son caractère collectif, est une ressource prioritaire pour le gouvernement du Québec et devrait aussi l'être pour les ingénieurs forestiers. Comment ? En évitant tout apport de sédiments dans l'eau. Pour M. Jutras, le RADF fait mieux que le RNI à plusieurs égards, mais n'en demeure pas moins qu'il comporte des failles, notamment parce que le RADF considère que les infrastructures de traverses sont permanentes (ce que M. Jutras conteste), qu'il n'existe aucune base de données exhaustive de celles-ci et enfin que la gestion de tout cela ne se fait pas par bassin versant. Pour M. Jutras il n'existe qu'une seule solution pour pallier à cela et elle réside dans une gestion intégrée du réseau routier et en considérant l'abandon des chemins comme étant une avenue incontournable.

Dorénavant, un calcul de débit sera obligatoire pour tous les cours d'eau. M. Jutras a d'ailleurs exposé les résultats préliminaires de recherches sur la méthode de calcul utilisée actuellement qui semble déficiente. Pourquoi ? Les lacs, les milieux humides et la neige dans les bassins versants créent une pression qui ne serait pas prise en compte dans la méthode de calcul. Il faudrait donc, selon M. Jutras, réviser le coefficient de ruissellement pour les forêts, les lacs et milieux humides et réviser le calcul du temps de concentration. Malgré que ce soit encore la "moins pire" méthode de calcul de débit, les ingénieurs forestiers qui utilisent ce calcul auront de bonnes chances de sous-estimer le débit réel à l'intérieur d'un écart entre 0 à 500%.

Un élément important que le RADF apporte est de permettre l'utilisation de structures temporaires. M. Jutras est très favorable à ce genre de structure. Toutefois il est indispensable pour lui que l'utilisation de structures temporaires soit faite dans un cadre de fermeture de chemins et il y aura beaucoup de travail à faire de ce côté. Voir la présentation de Sylvain Jutras, ing.f., Ph.D.

Le troisième conférencier de la journée, M. Pascal Morissette, ing.f., directeur des opérations forestières chez Chantier Chibougamau, a présenté une technique économique pour effectuer des traverses de cours d'eau amovibles, constituée de dalles portantes en lamellé-collé servant habituellement comme matelas portants dans les opérations pour faire du pontage. M. Morissette a également présenté une évaluation économique de cette façon de faire. Pour en savoir plus et bien comprendre les tenants et aboutissants de cette technique, nous vous invitons à consulter la présentation très imagée de Pascal Morissette, ing.f.

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Cet événement fut un véritable succès de participation au grand plaisir de tous les ingénieurs forestiers présents. Avouons-le, les occasions sont rares de se rencontrer entre confrères et consoeurs et ça faisait longtemps que l'on avait pas rempli une salle. La formule de conférences d'une journée sur un sujet pratique et d'actualité, jumelée à un coût abordable (merci au CIFQ, à La Personnelle et à GENIUM360 en passant !), semble plaire à une majorité. Les participants ont été invités à remplir un sondage d'appréciation de la journée. Nous prendrons le temps de bien analyser tout cela dans les prochains jours afin de répondre le mieux possible aux besoins des ingénieurs forestiers en ce qui a trait aux événements de l'Ordre.  En terminant, je m'en voudrais de ne pas remercier ma collègue de travail, Mme Cherilyn McGuire, pour son travail indispensable à la bonne marche de cet événement et mon confrère M. Dave Lepage, ing.f., pour son excellence à l'animation de la période de conférences.