L'un des principaux facteurs dont il faut tenir compte lorsqu'il y a lieu de déterminer si un ordre professionnel doit ou non être constitué réside dans les connaissances particulières que doivent détenir les personnes qui exercent une activité spécifique (art. 25 Code des professions). La compétence est donc un attribut fondamental de tout professionnel.

L'appartenance à l'Ordre des ingénieurs forestiers garantit au client que l'ingénieur forestier auquel il s'adresse possède les compétences de base requises pour l'obtention de son permis et que celles-ci ont été vérifiées.

La compétence

Mais qu'est-ce que la compétence? La compétence consiste en bien plus que la possession de connaissances académiques: le devoir de compétence de l'ingénieur forestier lui impose de fournir des services de qualité, adaptés à son client envers lequel il a un devoir de franchise. Selon le comité d'inspection professionnelle de l'Ordre, la compétence de l'ingénieur forestier se mesure par son habileté à utiliser ses connaissances, l'administration de sa pratique, sa capacité à juger ses limites et à mener ses mandats à terme ainsi que ses capacités intellectuelles, émotives et physiques à exercer sa profession.

Selon le Guide de pratique professionnelle de l'Ordre, l'ingénieur forestier compétent maîtrise les connaissances appropriées à l'exercice de sa profession. Sa compétence s'exprime par l'application des principes de la science, mais elle implique aussi le jugement pratique et l'habileté à utiliser les connaissances acquises de façon rigoureuse. Il tient compte de la pratique reconnue du génie forestier dans l'exercice de sa profession, en termes de savoir, de savoir-être et de savoir-faire.

Adopté en 2013, le Référentiel de compétences des ingénieurs forestiers intègre l'ensemble de ces éléments constitutifs de la compétence en les articulant autour de trois pôles, soit la compétence professionnelle, la compétence contextuelle et la compétence fonctionnelle. Le référentiel propose une description de l'ensemble des compétences qui caractérisent l'exercice de la profession et constitue la pierre d'assise de la pratique professionnelle de l'ingénieur forestier. Il est un outil privilégié pour l'Ordre afin de s'assurer du maintien des compétences requises des membres. Il sert également pour des fins d'autoévaluation et d'appui aux démarches de formation continue.

Le Code de déontologie

Plusieurs dispositions du Code de déontologie expriment de façon péremptoire l'obligation de compétence qui incombe à l'ingénieur forestier. L'article 5 précise qu'il ne doit exprimer son avis sur des questions ayant trait à la foresterie que si cet avis est basé sur des connaissances suffisantes. Il doit maintenir à jour ses connaissances relatives à l'exercice de sa profession. La politique de formation continue de l'Ordre prévoit à cet effet une cible de 60 heures de formation continue pour une période de 3 ans afin de favoriser une mise à jour constante du savoir dans un contexte d'évolution rapide des connaissances et des habiletés nécessaires à l'exercice de la profession. Soulignons que plusieurs ordres professionnels ont adopté un règlement de formation continue obligatoire pour leurs membres afin d'assurer la promotion et le soutien de leur développement professionnel dans une optique de protection du public.

L'article 8 du Code de déontologie impose quant à lui, l'obligation pour le professionnel de tenir compte des limites des connaissances et des moyens dont il dispose avant d'accepter un mandat. Cet exercice exige de l'ingénieur forestier une grande honnêteté lorsqu'il juge ses propres limites. Il devra non seulement informer le client de tout manque d'expérience ou de compétence dans un domaine particulier, il devra également évaluer s'il dispose des ressources humaines et matérielles qui conviennent au mandat. Le cas échéant, l'ingénieur forestier devra refuser le mandat ou encore s'adjoindre les services d'autres professionnels après en avoir discuté avec le client et obtenu son accord. Ce devoir de franchise requiert également de la part du professionnel qu'il doit éviter toute fausse représentation quant à son niveau de compétence (article 12 Code de déontologie).

L'obligation de compétence de l'ingénieur forestier implique aussi que tout client a droit aux services d'un professionnel dont l'état de santé ne fait pas obstacle à l'exercice de sa profession (article 54 Code des professions). À cet égard, l'ingénieur forestier doit s'abstenir d'exercer sa profession dans des conditions ou des états susceptibles de compromettre la qualité de ses services (article 10 Code de déontologie). Des problèmes de consommation de drogue ou d'alcool, une maladie invalidante ou des problèmes psychiques affectant le jugement du professionnel ne doivent en aucun cas compromettre la prestation de services de l'ingénieur forestier. En pareil cas, celui-ci doit cesser d'offrir ses services.

Enfin, l'ingénieur forestier compétent doit être à même de communiquer avec son client. Il doit lui fournir les explications nécessaires à la compréhension et à l'appréciation des services qu'il lui rend (article 20 Code de déontologie) en adoptant un langage clair, de manière à être bien compris par celui-ci.

En conclusion, l'obligation de compétence qui incombe à l'ingénieur forestier fait partie des devoirs généraux qu'il a envers son client et le public en général. Elle constitue un engagement à offrir des services de qualité qui contribue à la crédibilité de la profession et agit comme vecteur de la protection du public. Il appartient donc à chaque ingénieur forestier de s'assurer qu'il répond à cette obligation, tout au long de son cheminement professionnel.